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À toutes celles qui tiennent le fort — à la maison et au travail...

8 avril 2025 | Nouvelles

Mes employées, ce sont des femmes. Mes girls.

Une petite gang aux personnalités complètement différentes. Certaines sont plus loud, d’autres plus réservées. Elles ont des intérêts variés, des parcours uniques, mais elles se retrouvent chaque matin autour de la machine à café. Elles jasent de leur week-end, se racontent leurs nuits trop courtes, réveillées par un bébé fiévreux ou des pensées qui tournent en boucle. Elles rient. Elles pleurent. Elles sont humaines.

Elles arrivent parfois au boulot avec une migraine, des crampes menstruelles, une nuit blanche dans le corps. Et malgré tout, elles sont là. Devant leur écran, au bout du fil, en train de livrer la marchandise. Parce que c’est ce qu’on fait, nous les femmes : on livre.

On parle encore trop peu de ces femmes dans nos milieux de travail. Celles qui, en plus de performer, portent la charge mentale de toute une famille. Qui doivent rafraîchir Bonjour Santé 42 fois pour peut-être espérer un rendez-vous qui n’existe pas, penser à préparer le déguisement pour la journée thématique de demain à l’école, et finir plus tôt parce que leur enfant a fait deux cacas mous.

Et là, on vit une grève dans les garderies. Encore. Parce que non, leurs conditions ne s’améliorent pas. Une de mes employées est coincée à la maison parce qu’elle n’a personne pour garder sa fille. Ce n’est pas une situation exceptionnelle. C’est une couche de plus sur une réalité déjà bien chargée — entre les virus, les rendez-vous et maintenant, la grève.

Comme cheffe d’entreprise, je vois bien à quel point maintenir une performance constante peut devenir un véritable défi — pas à cause d’un manque d’engagement ou de compétence,…mais parce qu’elles avancent avec un sac à dos plein de responsabilités qu’on ne voit pas toujours. Elles gèrent le travail, oui, mais aussi une charge mentale immense, souvent invisible, qui continue une fois l’ordi fermé.

Et il faut aussi se dire les vraies choses : dans bien des familles, c’est encore souvent la femme qui ajuste son horaire, qui prend congé, qui reste à la maison quand un enfant tombe malade. Pas parce qu’elle le veut toujours — mais parce que, encore aujourd’hui, c’est souvent vers elle qu’on se tourne. 

Alors non, je ne peux pas — et je ne veux pas — faire comme si tout ça n’existait pas. J’ai choisi d’instaurer des semaines de 35 heures. Parce que la conciliation travail-famille n’est pas un luxe, c’est une nécessité. Et notre filet social est fragile. Tellement fragile que le gouvernement semble oublier à quel point les services de garde soutiennent des milliers de PME comme la mienne. Quand ça s’effondre, ce sont des familles entières — souvent des femmes — qui doivent porter le poids.

Alors aujourd’hui, je veux lever mon chapeau :

À Valérie, qui tente d’avancer ses projets de la maison pendant que sa fille lui réclame son attention, parce que la garderie est encore en grève.
À Émilie, qui carbure à quatre cafés pour compenser une autre nuit fragmentée.
À Thérèse, grand-maman et collègue, qui attrape tous les petits virus en aidant ses filles avec leurs jeunes enfants, tout en continuant de venir travailler, même malade.
À Martine et Nathalie, les éducatrices de ma fille, à bout de souffle, qu’on envoie à gauche et à droite pour combler les trous, et elles restent malgré tout un pilier rassurant pour ma petite quand je ne suis pas là. Elles méritent des fleurs, pas un coup de pied dans le cul.
À ma mère, que j’appelle en panique pour venir garder ma fille encore une fois. Sans elle, je n’y arriverais pas. Même comme entrepreneure, je suis moi aussi prise dans cette réalité.

À toutes les femmes qui jonglent, qui improvisent, qui tiennent debout même quand tout vacille. Vous êtes fortes. Vous êtes essentielles. Et surtout, vous méritez mieux.

C’est ensemble, en étant solidaires, qu’on pourra bâtir un milieu de travail — et une société — qui reconnaît réellement tout ce que vous apportez.